Hermann Hesse - Le Voyage... en Orient

29.07.2006 | Mis à jour le 16.01.2007 | Black
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Un voyage extraordinaire se profile à l’horizon. Hermann Hesse ne m’entraînera pas cette fois-ci en Inde pour partir à la rencontre de Siddhartha , bien que je sache pertinemment qu’un jour je le retrouverai. Conte initiatique, road-movie bien avant l’âge, H.H. entreprend en compagnie de quelques pèlerins « le Voyage en Orient ». Soumis à un Ordre (Artistique, Religieux, Spirituel, Divin ?) dont il est strictement interdit de révéler quoi que ce soit sur l’organisation, le fonctionnement, les membres (Secret absolu, une Secte ?), H.H. se trouve en route sur le chemin de cet orient, sur le chemin de la découverte et de la sagesse.

« Nous marchions vers l’Orient, mais nous traversions aussi le Moyen Age ou l’âge d’or, nous parcourions l’Italie ou la Suisse, mais nous campions aussi parfois au milieu du Xe siècle et logions chez les patriarches ou les fées. »

Le but de ce voyage est de se retrouver ensemble pour progresser vers la voie de la sagesse en profitant du savoir et des expériences de chaque membre de cette communauté. Le voyage a été conçu par et pour l’Ordre mais chacun doit également avoir une motivation supplémentaire, un petit espoir personnel : trouver un trésor Suprême, découvrir le serpent magique, apprendre le langage des oiseaux, rencontrer l’amour de la belle princesse Fatma... La progression spirituelle n’a d’existence que si chacun croit en ses connaissances, en ce qu’il fait aussi bien aux travers de la musique, de la poésie que de la connaissance de la flore ou de la faune... La motivation intellectuelle est la clef de voûte de ce voyage. Une avancée vers une sagesse « orientale » ne pourra exister que si la Foi est présente à chaque instant. Pas forcément une foi inébranlable en un divin, mais aussi envers ses compagnons, ses amis, ce qui nous entoure, les fleurs et les animaux... Le voyage en orient ne peut être couronné de succès qu’à condition que cette Foi existe réellement et serve les compagnons à se souder, à se respecter, à s’entraider et à s’aimer, tout simplement...

« Nous restions là, et Léo, à travers les grillages, caressait tendrement les poils humides. C’était vraiment une jolie scène, j’avais joie à le voir en si bonne entente avec l’animal, lui faisant le plaisir de cette visite nocturne. [...]. L’amitié et la confiance que j’implorais humblement, Léo ne semblait pas les accorder seulement à ce chien Necker, mais à chaque animal, à chaque goutte de pluie, à chaque parcelle de terre qu’il foulait ; il paraissait constamment s’offrir, vivre sans cesse dans une intimité palpitante avec son entourage, connaître tout, être connu, aimé de tous. »

Et puis parmi les compagnons de H.H., il y a ce Léo, un ami fidèle. Serviteur ou maître à penser, peu importe, il faut le regarder, le connaître, le découvrir : « Beaucoup de mes camarades et de mes amis m’étaient très chers. Mais aucun peut-être, bien qu’à ce moment-là il eût à peine attiré l’attention, n’a autant occupé par la suite ma mémoire que Léo. [...]. Cet homme d’aspect modeste avait quelque chose de si aimable, de si naturellement attirant, que nous l’aimions tous. Il faisait gaiement son travail, toujours chantant ou sifflant [...]. En outre, toutes les bêtes lui étaient attachées, nous avions presque toujours avec nous quelque chien qui nous avait suivis à cause de Léo ; il pouvait apprivoiser les oiseaux et attirer les papillons. Ce qui le poussait vers l’Orient, c’était son désir d’apprendre le langage des oiseaux d’après la clef de Salomon. ». Ce Léo semble vraiment quelqu’un d’appréciable, un type bien. Quelqu’un qui a la Foi, quelqu’un qui a trouvé le bonheur et qui sait le faire partager autour de lui, uniquement par sa présence (ou son absence).

« J’entendis, venant de l’une des fenêtres supérieures, les sons d’une petite chanson ou d’une danse, d’une romance populaire, sifflée par quelqu’un. Je ne savais rien encore, mais je tendis l’oreille, ces sons me rappelaient quelque chose, et un souvenir obscur tenta de s’éveiller dans ma mémoire. C’était une musique banale, dont les sons qui sortaient des lèvres du siffleur étaient merveilleusement doux, d’un charme léger, d’une pureté extraordinaire, naïfs et agréables à l’oreille comme un chant d’oiseau. Je m’arrêtai pour écouter, à la fois charmé et étrangement oppressé tout au fond de moi-même, mais sans formuler aucune idée particulière. Ou du moins, si j’en avais une, c’est que, seul, un homme heureux et très digne d’être aimé était capable de siffler ainsi. Plusieurs minutes, je restai dans la rue, captivé, et j’écoutai. Un vieil homme passa, avec un visage affaissé de malade ; me voyant immobile, il écouta, lui aussi, un instant seulement, puis, continuant sa route, il me sourit d’un air d’assentiment ; son beau regard perspicace de vieillard semblait dire : « Reste là, mon garçon, on n’entend pas siffler ainsi tous les jours. » Le regard du vieillard avait illuminé mon cœur, je m’attristai de le voir partir. Mais en même temps, à cette seconde précise, je compris que cet air comblait tous mes voeux. »

(JPG)

Est-ce toujours H.H. qui narre ce passage ou moi-même ? Peut-être me reconnais-je dans cet homme (H.H.) et suis-je moi aussi à la poursuite du bonheur ? Léo existe-t-il vraiment ? Je crois que oui... Je devrais même affirmer : « OUI » ou « Ja » ! Parce que Léo, je l’ai croisé de nombreuses fois sur ma route, aux aléas de ma courte vie. Il m’a beaucoup appris, peut-être lui ai-je donné en retour aussi un peu de mes faibles connaissances. Mais ce Léo peut avoir plusieurs images, plusieurs existences. Et parmi les Léo que j’ai pu rencontrer, il y en a un qui s’appelle « Blue » et dont nos existences et nos chemins spirituels se sont souvent croisés et se croiseront encore de façon programmée ou fortuite : cela comblerait tous mes voeux.


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-  Demian

 

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Hermann Hesse 27 novembre 2006
 

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