Une vision cauchemardesque se fraye un chemin à travers mon esprit. Je ne peux m’empêcher de pousse un cri d’horreur (d’horreur ou de stupéfaction horrifiée ?). Je regarde autour de moi, pour voir si quelqu’un fait attention à moi...Mais non, je suis seul devant cet étalage de vieux bouquins, comme d’habitude en cette année 2086. Je me frotte les yeux, peut-être ai-je mal vu, peut-être une hallucination due à la trop forte chaleur qui règne ici. Je regarde à nouveau la page du livre que j’avais ouverte par pur hasard. Et je reste figé devant ce triste spectacle, cette catastrophe écologique : la mer d’Aral. Comment est-ce possible ? En quelques décennies une mer intérieure, superbe et abondante, s’est retrouvée tout simplement asséchée. Le paysage est désolant, des carcasses de bateaux jonchent les dunes de sables et de sel. C’est le désert total : un espace de vie, d’échange, de commerce a été remplacé par le vide. Qu’y a-t-il, maintenant ? Plus grand-chose, plus d’activité, plus de travail, plus de vie dans le coin. L’atmosphère y est devenue irrespirable. Pauvreté et misère sont le lot quotidien des rares pêcheurs sans mer restés sur place, en plus de malformations fréquentes des enfants depuis plusieurs générations dues à l’abondance de ce sel qui s’infiltre dans leur corps, dans leurs poumons... La planète est-elle si détraquée ? Je poursuis ma quête sur le sujet et me rend compte que « Dame Nature » n’y est pour rien dans cette désolation. La faute en incombe entièrement à l’Homme qui a détourné les 2 plus grands fleuves qui alimentaient cette mer pour subvenir à ses besoins en eau pour irriguer son agriculture de masse... Je reste sous le choc devant tant d’irresponsabilité. J’ai honte d’appartenir à la race des Humains. Mon grand-père B. m’a souvent parlé de Tchernobyl et de son nuage radioactif qui ne traverse pas les frontières géographiques de mon atlas. Il faut que je m’en aille d’ici, rapidement, avant que mon moral arrive au point de non retour, point où l’envie de survivre dans de telles conditions m’abandonne...Je n’ose même pas penser aux quelques rares forêts qui survivent et qui trop longtemps ont été persécutées, anéanties par les hommes pour des raisons bassement mercantiles. Et pourtant, ces forêts représentaient de fabuleux réservoirs à oxygène, une niche protégée pour la faune et la flore...L’être humain, un irresponsable ? Certainement !
Qu’il me semble lointain le temps où je pouvais croiser, dans la rue, l’homme qui marche ! Faut dire que depuis ce temps, il n’y a plus grand-chose à regarder, à observer autour de moi. Plus d’orme centenaire, plus de cerisier en fleur... Des oiseaux ? ils ont migrés vers des zones plus tempérées, moins polluées, du moins pour ceux qui ont réussi à trouver ce genre de paradis terrestre.
La lumière s’estompe petit à petit à l’horizon. Je tente de regarder les étoiles, mais la tâche est difficile compte tenu du smog qui cache notre voûte céleste. Je me souviens qu’en hiver (du 15 décembre au 15 janvier) où les températures sont plus acceptables, la nuit est souvent plus belle, le ciel plus clair. Des points lumineux apparaissent de temps en temps là-haut, très haut. Des étoiles, des comètes ? Ou moins poétique, des débris de satellites, des poussières (déchets, devrais-je dire) humaines qui envahissent également notre espace sur Terre mais aussi dans le Ciel...La journée bien remplie, je décide de me replier dans mon petit espace intérieur où chaque jour je remercie je ne sais plus qui de m’accorder encore un toit pour m’abriter, un petit lieu à l’abri de la chaleur et des intempéries de plus en plus violentes. Las, je m’effondre sur mon futon, prêt à oublier toutes les sensations désastreuses que j’ai pu ressentir aujourd’hui. La Terre a survécu un jour de plus, ce n’est pas si mal. A chaque jour sa peine, demain il sera encore temps d’agir pour la survie de ma planète. Les yeux clos, mon esprit part s’évader dans de vagues rêveries avec, pourtant, cette réflexion en tête qui reste inlassablement gravée en moi depuis ma plus tendre enfance, depuis ma prise de conscience : « Une question fondamentale se pose d’une façon de plus en plus pressante : la crise planétaire contemporaine prendra-t-elle fin grâce à l’action déterminée des Terriens ou par leur disparition ? »
Une alarme stridente me sort brutalement de mon cauchemar. Je ne sais plus trop où je suis, mon esprit reste embrumé, perdu au milieu de ce désastreux songe. Je maudis, avec véhémence (@ #@@### !!), l’absence d’une de ces satanées mais habituelles coupures de courant qui auraient du déglinguer cette @@##@@ d’alarme. La douce et bonne odeur d’un 100% arabica de Jamaïque me chatouille les narines pendant que quelques bribes de souvenirs refont surface. Quel cauchemar ! D’une terrible réalité, je m’y serai cru, perdu au milieu de cette cité apocalyptique ressemblant aux coulisses d’un tournage d’un vieux Mad Max. Et si c’était vrai ? Au pied de mon lit, j’aperçois le bouquin sur lequel j’ai du m’endormir : « Mal de Terre » d’Hubert Reeves. Un arrière goût me reste dans la gorge malgré les premières gorgées de ce Blue Mountain. J’ai le sentiment que tout ce que j’ai pu vivre et ressentir dans ce rêve est réel. Le réchauffement de la planète, la pollution des océans, de la terre, de l’espace, l’amenuisement des ressources minières, la fin du pétrole, du gaz, les déchets industriels, les déchets nucléaires, la déforestation massive... Mais bon sang (@@##@@ !!), tout est vrai ; il suffit d’ouvrir n’importe quel journal pour s’en rendre compte...Je suis bien en 2006 et ce n’est pas de la science-fiction. Il serait temps d’avoir une vision à long terme, de prendre des mesures pour limiter les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. Nous n’avons pas le droit moralement de laisser tous les problèmes de la Terre aux générations futures...Il doit bien y avoir un moyen de...
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Je ne m’attendais pas à çà... J’ai d’abord cru que nous allions en exclusivité mondiale découvrir ton premier roman d’anticipation...
Crois tu qu’il faille attendre 2086 ? Tu parles des générations futures. Mais la notre me semble déjà bien impactée non ?
Désolé de te décevoir, mais je n’ai ni l’imagination, ni le talent...
Par contre il est vrai que les générations futures débutent aujourd’hui ! C’est maintenant (à défaut d’hier) que l’action doit démarrer pour demain...
surtout si nous voulons continuer à pouvoir regarder des et des
dans une ambiance d’
!
« La contemplation n’est pas recherche, ni critique, elle n’est ... »
Elle est quoi, au fait
Et c’est de qui, déjà