« Plus d’horizon pour ma sœur, plus d’espoir, plus de miracle. Privée de conscience, elle était sur le point de quitter ce monde, le corps encore tiède, en nous accordant encore un peu de temps. Dans ce laps de temps, j’avais pu rire. Dans ce bref instant d’éternité et de beauté, ma sœur était bien présente. Autrefois, aurait-on pu imaginer qu’un jour le corps et le cerveau mourraient chacun de son côté ?
Cette mort différée n’était plus l’affaire du mourant lui-même mais celle de son entourage, car elle lui laissait un sursis, afin de réfléchir à des questions qui d’ordinaire ne lui venaient pas à l’esprit. »
L’univers créé par Banana Yoshimoto, autour de deux courtes nouvelles, entraîne ma pensée vers des chemins torturés où règnent simultanément l’amour et la mort. Ces deux histoires, au premier abord, très sombres confrontant deux jeunes japonaises à la mort d’une personne chère et très proche se révèlent pourtant d’un optimisme grandissant au fil de ma lecture. Du coup, je m’interroge sur le bien-fondé d’avoir appeler en français ce mini recueil « Dur, dur ». La mort y est omniprésente et les protagonistes traversent des moments de leur vie vraiment « durs », mais c’est justement par ces instants graves et intenses qu’elle vont pouvoir revivre, retrouver une partie de leur bonheur échappé plus tôt en surmontant leurs tristesses et en faisant le deuil (sans oublier) de leurs amours passés...
En veillant à l’hôpital sur Kuni-chan en train de s’éteindre lentement, sa sœur tente de se remémorer leur complicité, leur histoire. Épris d’un chagrin profond face à son impuissance, elle va pourtant s’ouvrir aux autres et espère découvrir un nouvel amour. La tristesse de voir sa sœur mourir « à petit feu » se mêle à l’espérance et aux joies d’un futur bonheur.
Une nuit où elle se retrouve seule, perdue dans un sordide hôtel qu’on pourrait croire à l’abandon dans un petit village reculé des montagnes, une jeune japonaise ressent des « choses », des esprits autour d’elle, rêve de fantômes surgis du passé. Effrayée au premier abord, elle se montrera éprise de compassion envers ces esprits qui lui apporteront ainsi le bonheur de se souvenir d’une amie intime morte depuis quelques mois et de la comprendre mieux.
« Allez, marche, encore un petit effort ! » me suis-je dit, essayant de me reprendre. C’est alors que je l’ai vu : devant moi se dressait un mystérieux petit sanctuaire. Sans la moindre statuette de Jizô ni aucune autre statuette d’ailleurs ; et s’il était orné d’offrandes - fleurs, saké et grues en papier plié -, celles-ci ne dataient pas d’hier. J’ai été incapable de chasser l’idée qui me passait par la tête.
« Un esprit maléfique rôdait autrefois dans ce coin, et c’est sûr qu’il est encore là. »
La lecture de ces quelques pages entraîne mon esprit dans de profonds et lointains souvenirs...
Mais plus je songe à ce décor, à ces odeurs, à ces esprits, plus la réalité me parait lointaine. Suis-je dans un rêve ?...
Moi j’ai lu N.P. et Lézard. Deux bons bouquins... et à chaque fois que je lis son nom, je me marre. :D
... ...Désolé :(
-----> Yoshimoto Split