Charles Bukowski Contes de la folie ordinaire

14.11.2007 | Mis à jour le 27.05.2009 | Black
9515 visiteurs  -  9 commentaires

Pour s’en sortir dans une nouvelle, il faut du cul, beaucoup de cul, si possible. [1]

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Voici donc bien l’adage d’un vieux sage ! Ce Bukowski, quel divin et exquis visionnaire ! Quel stupéfiant talent ! Et surtout quelle sublime réflexion ! Du cul, du cul, du cul, le meilleur remède pour débrider une nouvelle. Il n’y a que ça de vrai dans la vie. Et pourquoi s’en priver, puisque c’est ce qui intéresse, ce qui fait débat, ce qui passionne le plus les simples immortels que nous sommes. J’avais déjà noté que dès qu’une de mes misérables chroniques parlent de SEINS ou de FESSES, et même de « beaux seins, belles fesses », les statistiques sur le nombre de visiteurs s’accroissent exponentiellement avec le nombre de fois que le mot « fesse » est usité. Alors, n’ayez pas honte de lire de la belle fesse, du moment que vous ne vous mettez pas à léchouiller les pages (surtout en public). D’ailleurs, le titre original de ce recueil de nouvelles n’est-il pas : Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness. Et de la fesse, vous en aurez à profusion : de la belle ronde à la grosse flasque, de la douce et délectable jeunette à la vieille flétrie et défraîchie. Tous les goûts sont dans la nature, et Bukowski, en grand professionnel et amateur de la « chose », se fera un plaisir, une ambition, un devoir de toutes les essayer, de toutes les caresser voir d’y pénétrer avec sa « tige de jade ».

En surimpression sur le papier, il y avait une bite à pattes, une ENORME bite à pattes. C’était l’histoire d’un copain que j’avais enculé par erreur, pendant une cuite, en le prenant pour une copine. Il m’avait fallu deux semaines pour virer le copain de chez moi, et l’histoire était vraie.
M. Washington a demandé :
« Vous appelez ça écrire ?

-   Je ne connais rien à l’écriture. Mais je trouvais que c’était une histoire amusante. Vous trouvez que ça manque d’humour ?

-   Mais cette... cette illustration en travers de la page ?

-   La bite à pattes ?

-   Oui.

-   Le dessin n’est pas de moi. » [2]

Et chaque nouvelle (essentiellement autobiographique) de Buk s’enfonce plus profondément dans le délire. Je JUBILE devant autant de drôlerie cocasse, devant les petits malheurs et bonheurs de ce bon vivant. La vie est si courte, le bonheur si fragile qu’il faut en profiter à chaque instant. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, alors pourquoi préparer des plans, pourquoi planifier un futur incertain, baissons simplement nos pantalons et baisons juste ensemble ici et maintenant.

L’imagination de Buk, bien que tournée essentiellement vers le sexe et l’alcool (surtout à la vue des extraits choisis ici pour illustrer sa poésie), sait aussi se faire contestataire. Elle est là pour représenter la mauvaise conscience de l’Amérique blanche et ses petits travers. Elle peut s’assimiler à l‘icône de la déchéance humaine dans ce pays épris de libertés et de pouvoirs. Buk râle, conteste, milite, se retrouve du coté des exclus, mais surtout n’allez pas le lui dire sur le devant de sa tombe, parce qu’avant tout BUK S’EN FOUT ROYALEMENT !

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Buk est un exclu, et alors ?!

Chez André, par contre, Wendy gardait les pieds au sol, ce qui permettait de l’invention : rotation, harponnage, plus lent, plus vite, variations...
Tout a une fin. Avec mon pantalon qui se prenait dans les chaussures, la position n’était pas idéale. Je me suis retiré. Je n’ai pas vu où Wendy a atterri, je n’en ai pas eu le temps : juste comme je me baissais pour remonter mes fringues, le type, le gamin, est venu m’enfoncer son doigt dans le cul, le majeur droit, bien raide et bien profond. J’ai gueulé, je me suis retourné et je lui ai balancé mon poing sur les lèvres. Le gamin a valsé. J’ai donc remis mon pantalon, mon caleçon, et je suis revenu m’asseoir, devant le vin et les bières, l’œil mauvais, sans un mot. [3]

Je suis prêt à faire de ce Hank, surnom de Charles Bukowski, mon nouveau héros. Par moment, j’aurais envie, moi aussi, d’avoir le courage ou la simplicité d’esprit de tout laisser tomber (y compris mon plan épargne logement, mon plan épargne retraite, mon plan épargne entreprise, enfin tout ce qui comprend le mot « plan »), d’envoyer CHIER tout le monde (petits chefs, grands cons ou petits connards prétentieux, voyageurs inconnus et sans intérêt de la ligne 13...). J’aurais envie de me contenter d’une journée en tête à tête avec mes fidèles amis et compagnons d’armes Jack et Bernardus avec comme unique pensée le néant et comme simple tenue vestimentaire mon caleçon fétiche et sans chaussette.

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Vivre l’instant présent, procurer du bonheur autour de soi (surtout aux petites dames) ou se procurer simplement du bonheur pour assouvir son sentiment de bien-être à chaque minute de cette petite vie, pour atteindre la pleine quiétude de son âme... Ne serait-ce pas le début des préceptes bouddhiques, la recherche d’un nirvana terrestre ? Et si Bukowski représentait le moine zen moderne ? Je vais en faire bondir certains devant la crudité de ses écrits, peut-être même en choquer d’autres, mais à mes yeux Bukowski est un gars qui mérite respect. Son talent indéniable, sans compromis, est présent à chaque page pour nous conter sa vie, LA VIE. Cette vie, faite de petites folies « ordinaires », me montre à quel point le bonheur est souvent difficile à accéder, mais aussi parfois, juste à portée de main, à portée de verre. Les contes de la folie ordinaire est mon premier Buk. A cet égard, il a marqué déjà mon esprit qui est déjà en manque de suite. Vivement mon prochain Buk. Jamais avant, mon esprit n’avait tant jubilé devant les quelques bons mots d’un tel écrivain, d’un tel poète.

J’ai trouvé une bouteille chez moi et je l’ai vidée, plus quatre cannettes de bière, et j’ai gratté mon premier papier. Ça parlait d’une pute de cent cinquante kilos que j’avais baisée dans le temps à Philadelphie. Ça faisait une bonne chronique. J’ai corrigé les fautes de frappe, une branlette, et au dodo... [2]

D’autres chroniques sur John Fante :
-  Demande A La Poussière
-  Mon Chien Stupide

D’autres chroniques sur Dan Fante :
-  Les Anges n’ont rien dans Les Poches

D’autres chroniques sur Dan & John Fante réunis :
-  Fante, un père et un fils

D’autres chroniques sur Charles Bukowski :
-  Contes de la Folie Ordinaire
-  Women

[1] Douze singes volants qui ne sont jamais arrivés à baiser

[2] Vie et mort d’un journal underground

[3] Le jour où nous avons parlé de James Thurber

 

9 commentaires

Citation ! 15 novembre 2007 Nicolas 2  rép.

« Réfléchissez au nombre de fois où vous avez changé de slip dans votre vie, et tirez-en la conclusion qui s’impose. »

Charles BUKOWSKI, Pulp, 1993

Il suffit de demander ! Merci pour le "grand site" !  :p

-----> Bla bla BàL !

Citation ! 15 novembre 2007 Black

A Méditer . . .

Citation ! 15 novembre 2007 Nicolas

Tu m’étonnes !  ;)

On aimait beaucoup le regretté Hank ... 15 novembre 2007 BMR 3  rép.
Il y a plusieurs années de cela, bien avant l’éclosion de la blogoboule, on avait lu plusieurs romans du grand Buk et on avait beaucoup beaucoup aimé sa littérature empreinte d’une profonde humanité (facile à trouver sous la façade sexe+alcool qui est un bien mince voile). Depuis quelques semaines je pensais justement à retourner voir l’ami Buk sur la côte ouest et ressortir quelques volumes poussièreux de la bibliothèque. Il se pourrait bien que ton billet soit un déclencheur !
On aimait beaucoup le regretté Hank ... 15 novembre 2007 Black

Et bien dans ce cas, cela serait avec grands plaisirs que je lirai quelques chroniques sur le sujet, en attendant mes propres lectures. Même si je devrais abuser du Buk, je préfère prendre mon temps pour m’imprégner de ses écrits. J’en profite pour lancer un appel personnel : je sais qu’une certaine personne au pseudo Red, qui a déjà sévit ici avec Jonathan Littell et Robert Littell, a lu « Women ». J’attends avec impatience ses impressions, mais il ne semble pas prêt à replonger dans le sujet... et c’est bien dommage...

En tout cas, comme je l’ai déjà dit, je ne m’arrêterai pas en si bon chemin, parce que Buk, ce n’est pas que la baise et l’alcool...

On aimait beaucoup le regretté Hank ... 11 novembre 2008 Utopie

J’aime ces bouquins, lus il y a petit bout assez long de temps, j’ai un bon souvenir aussi d’une biographie de Neeli Cherkovski.

Tiens, je viens de parler de Barfly sur un autre message, hum hum ... La musique du hasard ...

On aimait beaucoup le regretté Hank ... 11 novembre 2008 Black

 smiley Barfly, malgré Mickey Rourke, ne m’a pas laissé un souvenir impérissable... Mais à l’époque, je ne connaissais pas encore Hank !

Par contre, j’ai beaucoup aimé Matt Dillon dans le rôle de ce même Hank pour Factotum ! Un grand cru ! Hank, tel que je l’imagine...

Charles Bukowski 14 novembre 2007 Nicolas 1  rép.

Ah ben Bukowski, c’est sûr, c’est du bon gars qui pète et qui rote, qui chie et qui pisse, qui baise et qui gueule. Et qui écrit comme un fou furieux. Je n’ai lu que Pulp, mais bon sang, bon sang !

PS : dis donc, euh... le début de ton billet serait-il un hommage à peine déguisé au lancement ma "Quinzaine du Q" ?

Charles Bukowski 15 novembre 2007 Black

Une semaine du Q smiley Et j’ai manqué ça smiley Quelle idée de la faire pendant les vacances... Et puis il y a de quoi l’étoffer du coté de la littérature asiatique...

Par contre, il est vrai que j’ai lu un jour, sur un grand site, une citation de Monsieur Buk. Cela parlait de slip (mais je ne l’ai plus en tête), et cela m’a longuement interpellé. Cette citation, je l’ai grandement médité, et à chaque [re]lecture, elle m’inspirait profondément.

Peut-être pourrais-tu la retrouver pour les 2 ou 3 lecteurs de ce blog smiley

 

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