Al Baraque à Frites, Chti’te Biloute et Polar Ch’ti

01.06.2008 | Black
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Vigo Nowak habitait à moins d’un kilomètre de chez ses parents, à la périphérie de Lens, dans une maison des Mines identique en tout point aux milliers de clones perchés sur les interminables rues parallèles. La plupart des habitants de ces anciens corons se chauffaient encore au feu à charbon et buvaient de la soupe le soir. Dans moins de dix ans, les dernières gueules noires, lampistes ou porions, s’éteindraient dans l’anonymat, les yeux rivés vers cet horizon de sueur et ces vitres teintées de houille qui résumaient si bien l’histoire de leur vie.
L’ambiance des alentours, voies désertes, terrils endormis et treuils hors d’usage, suggérait celle d’un mouroir, mais le loyer dérisoire et le coin d’un calme aquatique attiraient les plus récalcitrants. En définitive, on se sentait ici dans un lieu hors du temps, épargné par les affres de la grande civilisation.

(JPG)

Les mines de charbon désaffectées, les baraques à frites et la Jenlain. C’est avec tous ces clichés du Nord que je plonge dans ce que j’appellerais un polar ch’ti (ces derniers temps, cela fait très « mode », très « in » de se revendiquer ch’ti). Attention les gars, pas n’importe quel polar non plus ; « La Chambre des Morts » (un nom à faire blêmir n’importe quel touriste intoxiqué à la moule pas fraîche de la grande braderie lilloise) d’un Franck Thilliez, spécialiste du Nord, a reçu le prix des lecteurs Quais du polar et le prix SNCF du polar. Cela veut tout dire...

Imaginez-vous...
Consultant en informatique et sur-diplomé...
mais au chômage depuis plusieurs mois...
L’âge d’or des start-up et sociétés de services est révolu,
même pour les plus performantes petites unités
de concentré d’intelligence et de winners.
Vous assistez impuissant à la descente en enfer
de votre équipe favorite de football
dans les affres de la défaite,
vers une division inférieure,
vous donnant envie de brûler illico votre écharpe
« sang et or »...

Une soirée passée entre potes
à boire de la Jenlain ou de la Choulette ;
quelques verres de trop,
nuit noire sur la rue déserte ;
vous roulez à vive allure,
avec votre meilleur ami,
dans la même galère que vous...

et soudain le crash
impensable et imprévisible à 2 heures du matin...
Vous heurtez un piéton avec une sac de sport
plein de 2 millions d’euros,
de quoi satisfaire tous vos besoins,
jusqu’à la fin de vos jours...

Que faire ?
Ramasser le corps,
le jeter au loin
et se partager les 2 millions...
Ou
Se dénoncer à la police...

(JPG)

Et vous, en votre âme et conscience, qu’auriez-vous fait ? Cruel dilemme qui ne cessera de vous hanter...Le pour et le contre, le Bien ou le Mal, la misère ou la richesse, la tristesse ou le bonheur...

J’adore cet endroit. L’été, je m’y aventure presque tous les week-ends pour observer le coucher du soleil. Une immense boule de feu qui embrase une mer de champs. Tu sais, quand tu grimpes au sommet de ces terrils, sur des montagnes de charbon, tu prends la réelle mesure de ce qu’on pu endurer nos grands-parents, au fond des mines. Trouve-moi une seule région capable de mêler la douleur de son histoire à la beauté de sa géographie avec une telle intensité.

Peut-être ne suis-je plus assez bon public pour ce genre de littérature...mais il m’a semblé que cette histoire sonnait un peu creuse. L’idée de départ me paraissait sympathique : cette réflexion sur le Bien et le Mal, le dilemme qui vous hante nuit et jour, l’amitié qui se renforce ou se déchire...le devenir de ce magot et ses conséquences sur les relations entre les deux amis auraient pu être propices à un formidable thriller psychologique. Malheureusement une « bête » vient s’intercaler entre eux deux, tout comme cette jeune flic bien roulée et en manque de sexe dont on comprend mal son implication personnelle dans l’histoire...La fin est rapidement expédiée laissant au final une lecture au goût inachevé...

(JPG)

Après avoir poussé un long soupir cumulé à un grand ouf de soulagement lors de la dernière page tournée, je préfère me retourner vers une Blanche de Bruges bien fraîche avec une autre histoire que de poursuivre l’aventure du Ch’ti Nord...(J’préfère le ch’ti Grand Nord de Wallander) Mais cela n’engage que mon humble « moi » et surtout ne suivez pas mon avis. Je n’ai pas envie de subir l’augmentation des prix de la bière blanche par un accroissement de la demande (le prix du blé et du riz augmente, il ne faudrait pas que le froment subisse la même inflation) et peut-être que cette histoire pourra vous donner quelques sueurs froides pendant une nuit ou deux... A part ça, « Bienvenue chez les ch’tis » !

 

1 commentaire

Al Baraque à Frites, Chti’te Biloute et Polar Ch’ti 4 janvier 2010 Sylvain
 

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