Du bruit, des rires et des pleurs. Un brouhaha incessant qui tambourine à vos oreilles. Des tympans martelés par ce chahut imperturbable assourdissant de façon irrémédiable votre tête. Et puis, un sourire, celui de votre fils jouant avec ses camarades dans le square en bas de chez vous. Vous le suivez des yeux, vous n’en pouvez plus de cet infernal bruit mais il parait si heureux. Après tout, cela ne fait que 10 minutes que vous avez pénétré dans cet enfer réservé si apprécié de votre grand garçon. Il courre, il joue, il rigole aux éclats et il courre encore. Et puis, il tombe par terre. Chute anodine, jeu sans conséquence. Des pleurs, son regard se tourne vers moi. Il recherche une âme rassurante qui puisse lui faire passer la douleur et le chagrin. Petite chute, quelques éraflures en perspective, un gros câlin et mon fils prêt à repartir de plus belle. Voilà ce que je me dis en me levant de mon banc pour aller le « secourir », du moins pour le consoler. Sauf que...
Sauf que la courbe du bras n’est plus naturelle... quelque chose s’est passée, quelque chose a rompu l’harmonie du corps humain. Le bras ne semble plus se tendre vers l’infini et au-delà. Mon fils ne sent peut-être pas le problème à part une douleur plus aigue qui doit lui arracher quelques pleurs supplémentaires. « Que se passe-t-il » se demande t-il ? ... Mais à son âge, il fait preuve d’un courage monstre et semble même plus prêt à affronter la vie de face que son père. L’apprentissage d’une telle fonction me parait si difficile... Zen Attitude, je ne connais plus... d’ailleurs ce n’était qu’illusion que je puisse approcher et comprendre ne serait-ce que les premiers prémices du zen... Le mal est passé, la souffrance aussi, sauf pour le père qui, dès que son fils (ce super-héros bravant tous les dangers) se remet à gambader, revoit l’image de cette courbe si disgracieuse et si étrange au niveau d’un avant-bras sensé être bien droit...