Jo Nesbø L’homme chauve-souris

31.01.2009 | Black
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Jo Nesbø : « L’homme chauve-souris », collection Folio Policier.  ? ! ?
Mise en garde : ce roman serait-il une œuvre d’imposture, un simulacre de polar noir ? Une enquête policière ? Il en est très peu question. Certes les premières pages débutent bien par le meurtre d’une touriste norvégienne sur des terres australiennes. Certes il y a bien un flic bourru et alcoolique, norvégien lui aussi, qui atterrit au pays des kangourous pour participer à l’enquête, en tant qu’observateur bien entendu, et pour aider ses « collègues » à l’autre bout du monde. Mais, à vrai dire, Harry Hole, cet inspecteur de la police d’Oslo, semble plus préoccupé par la bouteille que par la résolution du meurtre. Et quand il n’est pas saoul, il pense surtout à baiser une belle rousse, serveuse et suédoise, de quoi assouvir ses fantasmes les plus salaces. Il y a bien ce flic aborigène, Andrew Kensington, dépêché spécialement par sa hiérarchie pour accompagner le norvégien ; mais lui aussi s’intéresse davantage à servir de guide touristique pour « l’étranger » et à partager sa passion pour la boxe dans de nouvelles arènes du cirque des temps modernes.

Du moins, c’est le sentiment qui prédomine, ma lecture achevée. Mais est-ce réellement un « mal » pour ce polar norvégien à la sauce australienne ? Au fil de cette pseudo enquête, je découvre le peuple aborigène avec son histoire et ses coutumes. J’apprends leurs langues et m’immisce dans leurs anciennes légendes et autres mythologies du terroir. J’entrevois leurs mises à l’écart de la société australienne par des blancs coloniaux venus voler leurs propres terres. Je prends le temps d’observer aussi la flore et d’écouter la faune de cette contrée si lointaine. Les paysages défilent sous mes yeux et j’apprends à reconnaître chaque poisson multicolore de la baie de Sydney. Oups et Ouf, j’échappe de peu au crocodile venu me croquer la jambe. Je sais maintenant pourquoi sur les longues routes désertiques, j’y vois de nombreux kangourous... morts ! Sous la poussière. Paix à leurs âmes. Bref, je me retrouve plongé en plein cœur du bush australien.

Mais que les amateurs de polars se réjouissent : le meurtre de cette jeune touriste norvégienne sera bien résolu, le coupable démasqué dès que Harry le blasé aura retrouvé l’inspiration et le feeling « du fin limier » autour de quelques bouteilles de whiskys, de vins, de bières et de tous autres alcools forts. De l’exotisme, à n’en pas douter, un soupçon de suspense, le passeport en poche, je m’imagine déjà le teint halé sous ce soleil australien, accablé par la chaleur de ce pays, avec une planche de surf sous le bras... Drôle de destination pour un polar nordique !

« Terra nullius », c’est un petit concept amusant, tu sais. C’est quelque chose que les Anglais ont inventé quand ils sont arrivés ici, en voyant qu’il n’y avait pas des masses de terres cultivées en Australie. Il se trouve que les Aborigènes formaient un peuple semi-nomade, qui vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Et juste parce qu’eux ne passaient pas la moitié de la journée courbés sur des champs de patates, les Anglais les ont considérés comme inférieurs. Ils partaient du principe que le travail de la terre était un maillon obligatoire dans l’évolution de toute civilisation, en oubliant que les premiers qui étaient venus ici avaient failli mourir de faim après avoir essayé de vivre sur ce que leur donnait cette terre stérile. Mais les Aborigènes connaissaient la nature de A à Z, se déplaçaient pour trouver leur nourriture en fonction des saisons, et semblaient vivre dans l’abondance. Le Capitaine Cook en parlait comme des êtres les plus heureux qu’il ait jamais rencontrés. Ils n’avaient tout simplement pas besoin de travailler la terre. Mais parce qu’ils n’étaient pas sédentaires, les Anglais ont décidé que cette terre n’appartenait à personne. C’est donc devenu terra nullius. Et selon ce principe, les Anglais pouvaient sans scrupule établir des titres de propriétés aux colons intéressés, sans se soucier de ce que les Aborigènes pouvaient en penser. En fin de compte, ils n’étaient pas propriétaires de leur terre. »

 

1 commentaire

Voyages, voyages 2 février 2009 BMR
Pour continuer à voyager avec l’inspecteur Harry Höle, un autre épisode : Les cafards, nous emmène à Bangkok... Les autres opus de Jo Nesbo sont moins "touristiques", moins exotiques, mais il ne faut pas manquer Rue Sans souci, sans doute le meilleur de Jo Nesbo à ce jour. http://bmr-mam.over-blog.com/article-22389438.html

-----> Notre billet sur Rue Sans souci

 

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