Arni Thorarinsson Le Temps de la Sorcière

20.04.2009 | Black
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Nous avons passé la faille de Víkurskard, le lac de Ljósavatn, la chute de Godafoss, la lande de Reykjaheidi et nous sortons de la province de Mývatn dont nous traversons les terres désertes en direction d’Egilsstadir, la grande ville de l’est du pays. Joa me guide en s’aidant de la carte routière. Bien que capable de trouver les yeux fermés n’importe quel troquet de Reykjavik, je suis complètement perdu dans tous ces noms de lieux.

Je plonge dans l’univers noir de l’Islande. Les noms sont imprononçables, les lieux exotiques à s’y perdre sans un guide pour vous diriger vers les bons troquets. Noir comme un polar, Sombre comme la nuit. Le Temps de la Sorcière, c’est découvrir avant tout cette terre islandaise, tout au Nord de la « Terre de Glace ». C’est comprendre la société islandaise, parler avec le peuple et affronter les difficultés d’un monde moderne. Le Temps de la Sorcière, c’est certes un polar, mais c’est aussi un roman noir bien ancré dans la société. La peur de voir la langue islandaise disparaître au profit de l’anglais semble être une préoccupation importante de l’ancienne génération (et en temps qu’écrivain, Arni Thorarinsson transcrit ses profondes inquiétudes). Les jeunes islandais ne savent plus parler qu’en mêlant à leur conversation quotidienne des bribes de mots dans la langue de Shakespeare, la poésie en moins. Rares sont devenues les phrases ne finissant par un fameux « Bullshit » ou « Fuck You ». Les campagnes dans le Nord voient leurs forces vives se vider au profit de la région de Reykjavik, et un afflux massif d’immigrés dans ces régions n’est pas sans poser de problèmes. L’Islande a de tout temps été une terre d’accueil pour les étrangers, l’islandais de pure souche n’existe pas vraiment. Pourtant, l’intégration de ces nouveaux arrivants n’est plus aussi aisée que dans le passé, sans comprendre véritablement les raisons. Le Temps de la Sorcière, c’est aussi une chronique qui m’a permis de découvrir l’auteur et qui m’a donné envie de lire cet ouvrage parce que j’aime les voyages en Islande. Le Temps de la Sorcière, c’est également s’immiscer dans les traditions celtes, de découvrir les symboles runiques et de croire aux légendes nordiques. Dans un pays où les elfes continuent à garder une notoriété importante dans les croyances des islandais, je découvre qu’il n’y a pas que la sorcellerie de Harry Potter pour émouvoir les peuples. Il faudra dorénavant compter sur Loftur le sorcier et croire ainsi au pouvoir du Heaume de Terreur. (JPG)

Au début du roman, je me suis presque persuadé qu’il fallait que j’arrête les polars. Ce genre littéraire ne m’appartient plus, et j’y prends de moins en moins de goûts, au fil des ans. La passion s’étant estompée, à quoi sert que je continue ces lectures, alors que tant d’autres m’attendent. L’Islande est un joli pays, et une destination touristique alléchante. Je pourrais donc me contenter de lire les guides de voyages, en guise de découvertes au lieu de romans noirs. Les patronymes sont à rallonge, et il est difficile de ne pas s’y perdre. Pourtant, au fur et à mesure de l’enquête de notre journaliste et protagoniste Einar sur la disparition d’un jeune islandais, vedette d’une nouvelle pièce de théâtre sur Loftur le sorcier, ou sur la mort accidentelle d’une mère de famille lors d’une expédition commando dans le style « comment renforcer les liens et souder une équipe au sein de l’entreprise », j’ai pris énormément de plaisir à suivre de près ces investigations. Je me retrouve immiscé à la fois dans la réalité quotidienne de l’Islande mais aussi dans ses légendes d’antan, ses croyances aux elfes et ses souvenirs de vikings. Finalement et épisodiquement, je suis apte à poursuivre quelques investigations supplémentaires, dans le monde de la nuit noire, dans l’univers des polars, surtout si ces derniers ne se contentent pas de relater uniquement les faits meurtriers d’une société malade.

« Les islandais conservent cette croyance dans le surnaturel. Ils croient en la vie après la mort, aux fées, aux trolls... Parce que le matérialisme, c’est vide. C’est saturé de mort. La magie, c’est la vie. Donc, bien que nous courrions après le matérialisme à toute vitesse, il y a toujours ce besoin, dans l’âme islandaise, de quelque chose de différent, de merveilleux. » - Arni Thorarinsson. Un petit dossier sur cette nouvelle littérature islandaise (« L’île mystérieuse ») vous attend, l’occasion pour moi de replonger à nouveau vers la folie islandaise des Anges de L’Univers, fabuleux roman-poésie-psychédélique-psychiatrique d’Einar Már Gudmundsson !

Oui, c’était bien un meurtre. Un meurtre commis du sang le plus froid qui puisse couler dans les veines de quelqu’un.

En attendant peut-être la suite avec « Le Dresseur d’Insectes »...

 
 

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