Alessandro Baricco

29.05.2009 | Black
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-  Et il est où, exactement ce Japon ? Par là, toujours tout droit. Jusqu’à la fin du monde.

Avant de partir à l’aventure au fin fond du bout du monde, c’est-à-dire le Japon, je m’octroye une petite escale, courte visite touristique du Piémont. « Bird », « La Puttana di Closingtown » et « Caccia All’Uomo ». Tre Storie Western, trois nouvelles d’Alessandro Baricco. Ma première rencontre avec l’auteur, et en V.O. en plus. Rien compris, mais l’italien est si musical et si charnel... Quelques mots baragouinés, l’excitation montante, il y a matière à emballer toutes les filles du monde. Certes, je serai totalement incapable de résumer ces historiettes, mais dans ce domaine, ce n’est pas le plus important ; du moment qu’on arrive à ses fins. Je ne sais pas au juste de quoi elles sont sensées parler, à part peut-être l’évocation furtive d’un oiseau et d’une putain. Nouveau concept pour faire rêver, pour fantasmer : une lecture aux accents ritals agrémentée d’une musique doucement planante (et pas soporifique). Effet apaisant garanti. No Stress. Alessandro Barrico écrit ses histoires comme de la musique, le rythme des mots ponctue l’harmonie des phrases. Il les conte de sa voix grave et sensuelle, sur une symphonie méditative interprétée et composée par Air. A intervalles réguliers, je me diffuse cette curiosité musicale. Douceur, mélancolie, envoûtement... Je reste sous le charme de cette symphonie aérienne digne d’un ascenseur grand luxe d’un hôtel 5 étoiles pour envol vers le paradis des oiseaux, je me berce des sonorités italiennes : Uno, Due, Tre, Quattro, Cinque, Sei...

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Air and Alessandro Baricco : City Reading

Hervé Joncour partit avec quatre-vingt mille francs-or, et les noms de trois hommes que Baldabiou lui avait procurés : un Chinois, un Hollandais et un Japonais. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignait par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : la mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l’Océan, et quand il fut à l’Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu’un navire de contrebandiers hollandais l’amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. A pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d’Ishikawa, Toyama, Niigata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu’il contourna par l’est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux jusqu’à un village dans les collines où il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l’achat des œufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d’un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les œufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s’apprêta à prendre le chemin du retour.

Nous sommes en 1860. Les élevages de vers à soie européens sont tous contaminés par une terrible épidémie. Ceux du Moyen-Orient commencent à subir le même sort. Une seule solution pour éviter la faillite de toutes les filatures de la région des monts Vivarais : affronter l’inconnu en allant acheter de nouveaux vers à soie aux confins de la jungle japonaise. Le Japon est, à cette époque, une terre encore inconnue. Peu d’étrangers ont parcouru ce long et dangereux voyage. Hervé Joncour est l’homme de la situation et va entreprendre à plusieurs reprises ces périlleuses expéditions. Un brin aventurier et curieux, il sera confronté avec un nouveau monde, choc de deux cultures avec un pays en guerre, et découvrira un autre amour...

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La soie et la sacralisation de ses tissus à l’autre bout du monde, la découverte d’un nouveau Japon et le face-à-face entre deux civilisations aux mœurs bien différentes. Lire Soie revient à rêver l’espace de quelques pages. Un court et doux roman sur une autre époque, sur le bruissement délicat du tissu de soie dans le pesant silence de la jungle, sur l’émergence d’une nouvelle passion et d’un amour impossible, sur le temps immuable qui s’égrène au fil de la sensualité des saisons.

Poétique. Silencieux.

Elle était étendue près de lui, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d’elle, comme une flamme, sur une natte de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux : on aurait dit qu’il caressait le pelage d’un animal précieux, et endormi.

 

4 commentaires

Alessandro Baricco 31 mai 2009 Utopie 1  rép.

Bé j’étais persuadée que tu l’avais lu.

J’ai beaucoup aimé Château de la colère aussi.

Ses écrits sont des musiques mais aussi des peintures, par exemple la dernière citation sur l’article, la peinture s’est faite toute seule en lisant.

Alessandro Baricco 31 mai 2009 Black

Bé j’étais persuadée que tu l’avais lu.

J’ai beaucoup aimé Château de la colère aussi.

, c’est fait maintenant. Et je pense que si d’autres Baricco se présentent à moi, je ne les refuserai point !

Je pensais surtout à « Ocean Mer » ou « Novecento : Pianiste », mais je me dois donc de rajouter sur mon interminable liste « Châteaux de la colère » smiley

Alessandro Baricco 30 mai 2009 BMR 1  rép.

Soie  : une chanson puisque le voyage du négociant d’Ardèche au Japon est tracé en quelques lignes seulement (une demi-page) qui se répètent, telles un refrain, au long des années, au fil des allers et retours de France au Japon et du Japon en France. Ce n’est donc pas le voyage qui importe mais les deux extrémités de ce périple, les deux faces cachées du personnage ... les deux femmes cachées du personnage, jusqu’à l’étonnant dénouement, véritable cerise sur ce délicieux gâteau qui se déguste en trop peu de temps. Une de nos meilleures découvertes littéraires.

http://bmr-mam.over-blog.com/article-5321147.html

-----> Soie

Alessandro Baricco 31 mai 2009 Black

J’avoue qu’au départ j’ai été un peu frustré, moi qui apprécie la littérature de voyage, qui aime bien découvrir les paysages et sentir le parfum de l’aventure. Alors qu’en ce voyage au bout du monde se résume à 10 lignes, qui en plus se répètent à chaque aller-retour...

Et puis ensuite, j’ai compris que l’aventure n’est pas le long et périlleux voyage en lui-même, mais bien l’inconnu et la découverte de cette culture japonaise..

véritable cerise sur ce délicieux gâteau qui se déguste en trop peu de temps. Une de nos meilleures découvertes littéraires.

Je dirai même plus : à savourer et déguster comme les azukis au milieu du Daifuku...

 

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