Le Fusil de Chasse

09.11.2010 | Black
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L’histoire commença tout simplement avec ce poème écrit sur un coin du bureau en une nuit :

« Sa grosse pipe de marin à la bouche,
Un setter courant devant lui dans l’herbe, en ce début d’hiver,
Le sentier du mont Amagi,
Et la gelée blanche craquait sous ses semelles.
Il avait vingt-cinq cartouches à la ceinture,
Un manteau de cuir, marron foncé,
Une carabine Churchill à canons jumelés...
Mais d’où venait son indifférence, malgré son arme de blanc et brillant métal,
A ôter la vie à des créatures ?

Fasciné par le large dos du chasseur,
Je regardais, je regardais.

Depuis ce temps-là,
Dans les gares des grandes villes,
Ou bien la nuit dans les quartiers où l’on s’amuse, Parfois je rêve,
Je voudrais vivre sa vie...
Paisible, sereine, indifférente.

Par instants change la scène de chasse :
Ce n’est plus le froid début de l’hiver sur le mont Amagi,
Mais un lit asséché de torrent, blanc et blême.
Et l’étincelant fusil de chasse,
Pesant de tout son poids sur le corps solitaire,
Sur l’âme solitaire d’un homme entre deux âges,
Irradie une étrange et sévère beauté,
Qu’il ne montra jamais,
Quand il était pointé contre une créature. »

NON en fait l’histoire commença quand je découvris dans une boutique d’occasions (tenue par des japonais) ce roman japonais (bizarrement, les occasions japonaises ne sont pas légion chez ce bouquiniste, presque jamais même). Je le connais, mais ne peux résister. Je l’ai peut-être même déjà lu, une fois. Mais peu importe...

NON en réalité l’histoire débuta bien avant la rencontre dans ce magasin. Elle remonte à plus d’une décennie. C’était le temps de la jeunesse, des compagnons de route et des bières. C’était le temps où on discutait de Paul Auster en écoutant Jan Garbarek, c’était le temps où on découvrait Haruki Murakami en écoutant Nirvana, c’était le temps on s’inventait des histoires de pèche à la mouche avec du Jim Harrison en écoutant Pink Floyd. Et puis un bouquin dans un rayon d’une bibliothèque fort amicale. Les japonais ne faisaient pas encore légion dans ses étalages. Je ne connaissais pas l’auteur à l’époque. Il (le propriétaire de la bibliothèque en question et des bières par la même occasion) me la sûrement proposé. Plusieurs fois certainement. Avais-je cédé à la tentation de l’embarquer chez moi pour le lire à tête reposée. Je ne me souviens plus, j’ignore maintenant. Tu pourras me le dire, un jour, si tu continues à feuilleter ces quelques mots... Mais je sais que ce livre doit toujours trôner au milieu de l’étagère blanche de sa bibliothèque, aux côtés de Leo Perutz ou de Herman Hesse. C’était l’histoire de Yasushi Inoué.

 
 

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