Date : 18 juillet 1969.
Lieu : île de Chappaquiddick.
Une Oldsmobile Delta 88 sort de la route au niveau du Dick Bridge et s’enfonce dans la rivière. A son bord, Edward "Ted" Kennedy, frère cadet de John Fitzgerald Kennedy. Le sénateur réussit à s’extirper de la voiture et à nager jusqu’à la rive. Il en sortira indemne. A ce moment précis, on peut se dire que pour une fois « la malédiction des Kennedy » fut vaincue. Mais, si seulement...il avait été seul dans la voiture. Une jeune femme, Mary Jo Kopechne, 29 ans, était présente à ses côtés. Elle fut retrouvée morte, noyée. Cet accident, sombre fait divers local, devint un scandale national.
Il fut reproché à Ted Kennedy de ne pas avoir mis tout en œuvre pour sauver cette jeune femme. Ted semblait avoir notamment abusé de quelques bières [et autres alcools forts] et devait être ivre au moment de conduire sur ces routes délabrées et isolées. Son permis de conduire avait expiré depuis plusieurs mois. Uns suspicion d’abus sexuel flotte aussi sur toutes les lèvres des journalistes. De plus, comment expliquer le fait que Ted n’appela ni les secours, ni la police, mais qu’une fois rentré à son hôtel, il s’entretint en priorité avec son avocat ? Il ne prévint les autorités locales que le lendemain, une fois que sa voiture fut découverte par la police.
Bien sur, il n’y a pas eu de condamnations pénales pour ce sénateur ambitieux visant les plus hautes fonctions gouvernementales (une peine de 2 mois avec sursis). Cependant, Ted Kennedy dut mettre un frein à ses ambitions présidentielles car dès lors qu’il voulut se présenter en 1980 aux primaires démocrates contre le président Jimmy Carter, le scandale de Chappaquiddick ressortit opportunément, obligeant le sénateur à déclarer forfait définitivement pour cette fonction suprême.
A lire (pour les bilingues) :
Enquête du FBI et de la FOIA sur Chappaquiddick.
L’accident de Chappaquiddick : récit détaillé et complet de toute l’affaire.
Voilà pour le côté "historique" de l’affaire. Passons maintenant au roman, puisqu’il s’agit avant tout de parler d’un livre fabuleusement triste et cruel...
Changement de date, changement de noms mais le lieu reste identique, l’île de Chappaquiddick. Les faits, aussi...
Grâce à cette courte nouvelle de Joyce Carol Oates, je découvre avec horreur et stupeur les dernières heures de cette jeune fille, peut-être un peu trop naïve, certainement trop humaine pour un monde politique qui n’a décidément rien d’humain. Et cette sensation malsaine de voir sombrer la voiture dans un ruisseau boueux, une eau noire nauséabonde qui s’engouffre à l’intérieur, chassant inévitablement le peu d’air à disposition, véritables molécules de survie. Et cette jeune fille qui s’accroche à ses espérances comme à la moindre bulle d’oxygène et qui petit à petit voit le niveau d’une eau glaciale monté inexorablement... L’asphyxie la guète, la noyade approche mais elle a encore l’espoir, le rêve pour pouvoir survivre. Les secours vont arriver, ils arrivent même ! Non ?!?
Et l’eau noire continue de monter, monter, monter...
Et cette attente insoutenable...
Cela aurait pu être un magnifique conte de fée, mais cela devient un terrible conte cruel. Est-ce dû à la sauvagerie des hommes ou de la politique ? Peut-être une association des deux qui est capable d’anéantir le destin et la vie d’une jeune femme innocente.
Chapître 01 : Reflets en eau trouble
Chapître 02 : Délicieuses Pourritures
Chapître 03 : Man Crazy
Chapître 04 : Johnny Blues