Ces histoires qui durent avec un groupe, c’est un peu comme dans un vieux couple. La fidélité s’installe. Parce qu’il n’est même pas question de faire autrement. Ou encore, contre le cours du temps, parce qu’on essaie de retrouver les émotions passées.
En vérité, j’ai encore du mal à émerger de mon histoire tardive mais tellement intense avec Jeff Buckley. Et « Meds », qui si j’ai bien compté, doit être le cinquième album de Placebo, n’a pas le parfum ennivrant de la nouveauté. D’autant que je suis resté coincé sur leur second album, « Without you, I’m nothing ». Si je ne devais conserver qu’un seul album de Placebo, dans ma discothèque ou sur mon île déserte, ce serait celui-là. L’atypique et marquant « Pure Morning », la passion de « Without you I’m nothing », et la beauté de « My sweet Prince »...
Mais je m’égare encore dans le passé. Car il y a bien une curiosité qui me pousse à écouter cet album. Il paraitrait qu’il y aurait un duo entre Brian Molko et Michael Stipes ; j’imagine déjà le mariage de leur voix. Ces deux gars là ont des choses à dire, et de la constance. De plus, les vieux couples ne sont pas toujours dénués de passion. Les hauts succèdent parfois aux bas. L’histoire peut se construire, solidement, le meilleur l’emportant sur le reste [1].
Oublions la première écoute, qui me laisse une impression mitigée.
Le premier bijou à m’apparaître, nul ne sera surpris, ne fut autre que le fameux duo, entre chuchotements et colère. Michael Stipes susurre quelques mots au piano. Un mur de guitares lui répond. Les mots de Brian Molko sont terribles :
Plus loin...
Soufflé, je continue l’exploration. Je suis en condition. Derrière « Broken Promise », se révèle immédiatement « One of a kind », dont l’intro me plaît beaucoup, tant elle est différente du reste. Plus loin encore, plus rien ne me résiste, et j’apprivoise sur ma lancée « Song to say goodbye ».
Haletant, l’heure est au bilan. Quelques chansons, moins marquantes, s’effacent derrière ces derniers moments forts, qui marquent véritablement cet album.
Aussi forts que sur « Without you, I’m nothing », ils dégagent une même passion, une même noirceur, évoquée par les textes de Brian Molko. Qu’a-t-il vêcu pour écrire de tels mots ?
Certes, des tripes, et de l’énergie, à la fois maîtrisée, et libérée. Mais je n’oublie pas l’harmonie de ces ondées fraiches de guitare dont ils ont le secret, et qu’ils nous livrent dans « Follow the cops back home »... et que j’écoute en boucle parfois.
A retrouver bientôt sur scène ?
[1] D’ailleurs, je peux le dire : REM, je t’aime.
Assez rare pour être signalé sur nos écrans français, du rock avec une soirée spéciale consacré à Placebo, ce jeudi 28 septembre. Et comme les choses sont bien faits dans notre panorama télévisuel, cela se passe en même temps sur 2 chaînes différentes :
Canal + 23h10 : Placebo en concert. Une bonne occasion pour les découvrir ou les retrouver...
Arte 22h40 : un documentaire qui retrace parallèlement l’histoire et le parcours de Placebo et de Franz Ferdinand...
Visiblement tu es fan !
Faudra peut-être que j’essaye un jour de découvrir Brian Molko...
Déjà persuadé qu’il serait fade, ennuyeux.
Libé - Battle for the Sun
Le message, ici résumé : stop à la drogue et à l’alcool. Rideau sur l’adulescent narcissico-romantique Placebo, celui-là même qui, terré dans son mal-être, osait tout, pourvu, qu’il ait un peu d’ivresse ; ode au Placebo bio, dépêtré de ses addictions lugubres. Une mue qui se traduit par un retrait des bidouillages et autres trouvailles electro, dont le groupe se targuait encore il y a de cela un album. Exit le mécanisme froid des machines qui, jumelé aux guitares saturées, permit pourtant d’arriver à des sommets d’ingéniosité (Pure Morning, Allergic, Haemoglobin, Taste in Men...).
« On avait envie d’un album à grosse guitare, expose Olsdal. Envie de créer un disque qu’on ne puisse pas dater à partir des avancées de la musique électronique. A la place, on s’est plutôt penché sur des choses qu’on n’avait encore jamais faites, en ajoutant des cuivres et des chœurs. En réaction au côté sombre de Meds, on voulait une tonalité soul, lumineuse. »
Le résultat se révèle plantureux, presque lourd, loin de l’intimisme des débuts. Comme si Placebo cherchait à se perdre sur le chemin de la grandiloquence d’un U2. En s’extrayant de son spleen, le trio propose un album plus simple, dominé par des morceaux directs (For What is Worth, Ashtray Heart), frôlant parfois la variété.
Je crois que le moment de découvrir et d’aimer Placebo ne soit pas encore pour tout de suite. Désolé, Blue, de ne point te suivre sur cette voie. Comme à mon habitude, peut-être avec 10 ans de retard, je saurai reconnaître mon erreur pour te rejoindre vers ce trip. De la variétoche androgyne ? Je préfère donc passer mon chemin et peut-être qu’au prochain carrefour, j’y découvrirai un autre groupe indie ou un autre Molko m’attirant plus... Ne m’en veux pas ? Je ne suis qu’un être faible, dépourvu de toute créativité musicale...
en écoute, Speak in Tongues.