Aujourd’hui, l’homme qui marche continue de marcher. L’esprit, toujours aussi vide, il avance fièrement, d’un pas décidé, sûr de lui. Alerte, il fonce droit devant, sans prendre la peine de regarder autour. Les paysages ne sont plus aussi beaux que ceux du canal nivernais. Ils sont obscurcis par la froideur des immeubles, la saleté des trottoirs, la pollution des embouteillages. Du coup, l’homme qui marche ne prend plus la peine de photographier son environnement. Les lieux ne sont plus propices à la méditation, les klaxons des voitures répondant aux sonnettes des vélos. Les écureuils n’existent plus, ils ont été remplacés par des compatriotes de son espèce qui, eux aussi, marchent rapidement, un casque sur les oreilles, en « tentant » d’éviter les crottes de chien. Sans Intérêt.
Mais à quoi peuvent bien penser tous ses concitoyens ? Au bien fondé de certains droits, au principe même de la loi, à l’équité du monde et au bonheur des autres ou tout simplement à des sujets plus matériels, plus proches de leurs préoccupations du genre baskets ou mocassins, à quelle heure vais-je arriver au travail, quel chemin prendre pour le retour... Mais loin d’avoir son opinion politique et sociologique, l’homme qui marche a décidé qu’il était juste temps de marcher, droit devant lui, sans se poser d’éternelles questions sans réponse. Il est temps de faire le vide, respirer, et faire le vide...Pour la contemplation, il verra un autre jour.